mardi 2 février 2010

De Srimanga à Calcutta

Nous vous avions laissés au milieu des plantations de thé de Srimangal, prêts à prendre tranquillement un train pour revenir vers le sud du Bangladesh. C'est bien ce qui s'est passé, tout du moins jusque peu avant Dhaka. Car des millions de pèlerins sont rentrés dans notre train, dans une petite gare. Ils ont eu la politesse d'investir aussi le train d'en face, afin que nous puissions bien voir ce qui se passait, et faire des photos [Note d'Arnaud : correction, Thierry dormait depuis une bonne heure quand l'abordage a commencé. Le wagon s'est retrouvé bondé sans qu'il ne bronche. Son sommeil étant sacré je n'ai osé le réveiller que lorsqu'un courageux tentant de rentrer par notre fenêtre a manqué de lui briser le nez]. Quand on voit ça, on se dit que il n'y a plus de place possible dans le train.


Eh bien si. Le toit ! Ca monte par des échelles, ça monte par entre les wagons, ça monte de partout. De dedans, d'abord on voit beaucoup de pieds passer devant sa fenêtre (ouverte), puis on voit des samossas et autres concombres en vol ascendant, puis de la monnaie en sens inverse.


L'arrêt dure longtemps, avec toujours la même phrase en boucle dans les haut-parleurs. Mon voisin m'assure que le chef de gare dit que le train va partir d'une minute à l'autre, mais que lui-même ne sait pas quand il va partir. Les Bangladais ont le sens de l'humour conclut-il. Au bout de trois heures, le train s'ébranle, sous les vivats des occupants du toit.


A voir l'expression de l'homme à droite de la photo précédente, la scène n'est pas courante. En fait, il s'agit de « vrais » pèlerins, revenant de l’Istema, rassemblement de trois millions d'hommes musulmans.

Pas la peine de perdre du temps à Dhaka, où les hôtels étaient sûrement tous pleins. Direction le port en rickshaw, et nuit sur le pont d'un bateau vers Borisal. Les autres passagers ne comprenaient pas bien que deux Blancs forcément riches passent la nuit sur le pont au lieu de se payer une cabine, et ils sont tous venus tour à tour regarder LES Blancs. Regarder si on souriait pareil qu'eux, regarder si on mangeait pareil qu'eux. Ils repartaient rassurés après une dizaine de minutes, sans avoir mot prononcé. Là où nous étions différents d'eux, c'est que nous avions des duvets et surtout des matelas de camping. Un Therma-rest sur un ferry d'eau douce, c'est nuit confortable assurée.

C'est là que mes ennuis ont commencé. On a commencé à prendre plus de transports, dont des bateaux. Arnaud aime la photographie, et aime donc les levers de soleil. Moi, j'aime dormir [Note d'Arnaud : j'aime aussi dormir... mais vu que les ronflements de l'auteur me sortent souvent du lit avant le début des polyphonies cocorico-muezzinesques, je préfère rentabiliser le fait d'être debout]. Du coup, je me cale des siestes sur les ponts des bateaux à huit heures du matin. Et ça me fait mal de dire « sieste » à huit heures du matin. Mais bon, c’est agréable de suivre le rythme solaire [Note de Arnaud : le rythme solaire serait donc ponctué de deux ou trois éclipses par jour...].

Barisal est une ville plutôt mignonne, où il est agréable de se promener.
De là, nous avons repris un bateau, de jour cette fois, et navigué à travers les rivières du sud-ouest bangladais. Un bateau calibré pour les photographes : départ une demi-heure avant le lever du soleil, arrivée une demi-heure après son coucher. Les photos suivantes sont là pour l'attester.




Mongla, notre ville d'arrivée, n'existe qu'en tant que port maritime et, plus intéressant à notre point de vue, porte d'entrée de « la plus grande mangrove du monde », les Sundarbans où nous sommes allés faire un petit tour le lendemain.

Bagherat, vue en chemin vers l'Inde, était la capitale d'un guerrier-saint musulman soufi. J'ai un peu de mal à concevoir comme on peut être guerrier, soufi et saint à la fois, mais je ne suis membre d'aucun comité de béatification et n'ai donc pas mon mot à dire sur la question. Toujours est-il que le saint en question aimait bien le BTP, et a fait construire bon nombre de mosquées et autres ponts, routes et bassins. Il en reste de jolies mosquées, de style pré-Moghols. Merci à lui donc.

Une nuit à Jessore nous a rapprochés de la frontière indienne. Frontière pas trop pénible à passer. Frontière assez peu marquante, aussi. Du côté indien trônent des affiches religieuses hindoues, mais sinon, peu de différences notables d'avec le côté bangladais.

En revanche, Calcutta, à 80 km de la frontière, ne ressemble plus tout à fait au Bangladesh. Les rues sont plus grandes, la ville semble plus riche. Mais il existe encore beaucoup de rickshaws à bras, tirés par un homme souvent pieds nus. Calcutta paraît donc plus inégalitaire, comme l'est l'hindouisme en comparaison à l'islam.

Calcutta fut capitale de l'empire britannique des Indes, et cela se ressent. La trace la plus marquante en est le Victoria Memorial, beau palais de marbre blanc érigé pour le jubilé de la célèbre reine. Le bâtiment se trouve au bout du Maidan, l'ancien champ d'exercice des canonniers, long de 3 km. Maintenant, les Indiens ne tirent plus de boulets mais des balles de cricket.


Autre spot touristique, le marché aux fleurs.


Au final, Calcutta possède un charme un peu suranné, invitant à se promener dans ses rues.

Au fait, nous avons retrouvé l'homme sans tête, il se porte plutôt bien.

4 commentaires:

  1. Je reconnais pas le parc devant le Victoria Memorial de Calcutta. L'herbe est toute sèche, ya pas de vache et chevaux paissant, ni de compétitions de cerf-volants !!
    Il fait quelle température en ce moment en Inde pour que ce soit sec comme ça? Ou c'est juste le manque d'eau

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  2. Combien y avait-il de personnes dans votre compartiment (dedans, pas dessus), avant, puis après l'arrivée des pèlerins ?

    PS Vos portraits du jour sont impressionnants. Pensez-vous que les gens disent vraiment ce qu'ils pensent ; ou est-ce qu'ils se composent un personnage officiel, conforme à la morale ambiante ?

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  3. Temperature a Calcutta, a peu pres 25 la journee avec un fort soleil, et 10 la nuit. On a vu hier nos premiers nuages indiens...

    Avant : toutes les places assises occupees. Apres : 3 ou 4 fois plus. A moins de mettre les gens allonges, dca paraissait dur de faire rentrer beaucoup plus de monde.

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