lundi 5 avril 2010

Malvenus au Polistan

Ce que Arnaud ne savait pas, c'est que j'avais quand même installé une caméra cachée dans le FindMeSpot. Afin de pouvoir vous conter ces quelques semaines au Pakistan, car il était clair qu'il refuserait toujours de le faire lui-même.



D'abord, le Pendjab. Une fois m'avoir perdu, il s'est dit "Ma foi cong, ça c'est fait, clac-clac, autant partir fissa-fissa, rouler à bloc-bloc, le Pendjab-djab sera torché". Aussitôt dit, aussitôt roulé, à raison de 120 km par jour, le Pendjab a vite défilé. Oh, le Arnaud est devenu culturel, il s'est arrêté en chemin afin d'admirer de jolis mausolées, détruits (à Uch Sharif) ou pas (à Multan). Ainsi qu'une belle mosquée, construite dans son village (Bhong) entre 1930 et 1980 par un notable désireux d'allier le traditionnel et le moderne, l'ornemental et le fonctionnel. En utilisant beaucoup de belles mosaïques. Arnaud, cultivé, a saisi le parallèle d'avec Gaudi, mais n'a pas su comparer, car malgré un passeport lesté de 30 visas, malgré habiter dans les Pyrénées, il n'est jamais allé à Barcelone.





L'architecture pendjabie pakistanaise est donc influencée par l'Islam. Ainsi l'est la nourriture, déjà très carnée (et bonne). On sent que l'on apprend aux Pakistanais que l'Islam est une religion dominante, car beaucoup sont surpris que l'on puisse ne pas être musulmans. En revanche, les paysages ressemblent fort au Pendjab indien, à savoir des grands champs de blé, et un terrain d'une platitude que Raffarin ne renierait pas. Seuls paysages un peu jolis, quand des rivières se rencontrent (grâce à meetic.pk).




Arnaud a donc vite traversé le Pendjab pour mieux apprécier le reste du Pakistan, sans doute plus varié. Erreur : on ne lui avait pas dit que les autres provinces avaient fait sécession du Pakistan, pour former le Polistan. Oui, au Sindh et au Baloutchistan (et sûrement encore plus ailleurs), ce n'est plus le "Pays des purs" ("Pakistan"), mais bien le pays de la police. De la police t'en veux pas en voilà. Police qui surveille, qui patrouille, qui fait des checkpoints. Et qui escorte tout touriste. Parfois devant le cycliste, souvent derrière, parfois en moto, souvent en pick-up Toyota, impossible de s'en débarasser. Au grand dam d'Arnaud, qui, puisque coupé de la population civile, a continué à rouler plus de 100 km par jour. Avantage : au Polistan, la police négocie mieux que les touristes tout hébergement, (hôtel à prix cassés, résidence des médecins d'un hôpital, auberge pour fonctionnaires, tout y passe). Au pire : dormir sur le matelas gonflable dans un bureau du poste de police le plus proche. Autre avantage : "emprunter" les uniformes pour faire des photos souvenirs. Soucis : l'escorte, qui changeait à chaque district (10 km environ), était donc pressée de se débarrasser du cycliste, et goûtait peu à la traditionnelle pause sieste sur les lits des restaurants de routiers.



Au bout de cette immense plaine sur laquelle les cyclopes trottent depuis mi-janvier (qui doit faire 3000 km en est-ouest, de Cox's Bazar à Sibi), les montagnes du Baloutchistan. En particulier, le haut-plateau de Quetta, auquel on accède par la passe de Bolan, 1800 m d'altitude (et donc presque autant de dénivelé). La montée, en deux jours, s'est bien passée, et la fraîcheur de là-haut fut accueillie avec plaisir. En bas, climat de type Schnaps (40° minimum, très sec)...En haut, 25° à midi, et 10 gla-gla la nuit.



Quetta est capitale du Baloutchistan qui concentre la moitié de la population de cette province (qui est donc un grand désert montagneux, on a connu environnement plus accueillant). Au carrefour entre le sous-continent indien, l'Afghanistan et l'Iran, c'est Cosmopolis. Majoritaires sont les Pachtounes, avec leurs beaux chapeaux et leurs longues barbes. Les Baloutches sont aussi nombreux, et portent des petits calots colorés. Mais sont présents aussi beaucoup d'Afghans réfugiés ici après la révolution socialiste de 77-78. Leurs enfants nés au Pakistan se disent toujours Afghans. Visiblement, les Pachtounes forment un peuple commerçant, et les Afghans pachtounes tiennent beaucoup de magasins (dont l'armurerie où on a enfin trouvé du dégrippant pour nos vélos...). Se trouve aussi une autre ethnie Afghane, les Hazaras, dont les traits rappellent ceux des Mongols (ou des Ouïghours). Et bien sûr, on croise aussi des Pendjabis et des Sindhis, ainsi que des Brahuis, supposés former les descendants de la civilisation qui organisait de belles villes le long de l'Indus, avant de se faire remplacer par les Aryens en 1500 avant JC environ.



Etait prévu de ne rester que trois jours à Quetta. Mais une fièvre dans mon petit corps nous a gardé trois jours de plus dans cette ville étonnante et sympa. On part demain [ndlc : comprendre avant-hier], après 700 km de désert, on verra l'Iran. Inch'Allah.

6 commentaires:

  1. T'as pas honte Arnaud...tu pars faire le tour des pays en "stan" et t'es jamais allé à Barcelone !
    Honte à toi!

    Sinon, géniaux les articles !

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  2. Merci Bertrand et Thierry pour ce voyage à travers vos articles. Les photos des montagnes sont aussi sympas.

    GU

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  3. Vous pourriez mettre une photo de la gueule qu'ont vos vélos chargés? Just curious....

    bisous

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  4. Pour la signification de Pakistan, c'est aussi un acronyme créé au temps de l'Empire britannique des Indes pour désigner les provinces à majorité musulmane que sont les : Pendjab, Afghania (provinces pachtounes maintenant nommées Territoires du Nord-Ouest), Kashmir, Sindh et baloutchisTAN.
    Si en plus ça rend leurs habitants purs pourquoi pas.

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  5. Oui, Pakistan a l'air d'etre un nom compose d'une grande qualite...En dehors des noms des provinces, pak veut aussi dire "pur" en ourdou.

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  6. Pakistan, Pakistan de toute façon ce pays a beaucoup perdu de son importance de la sécession du Polistan qui devrait bientôt obtenir son siège à l'ONU.

    Sinon Monique si tu m'invites au Messistan je viens sans problème tu sais ;-p

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