mercredi 7 avril 2010

Les déserteurs

Pendant 8 jours, on a déserté la civilisation. On s'est retrouvé à pédaler dans un pays où quand tu commandes des légumes, des patates arrivent, quand tu demandes des lentilles, c'est du blé que tu manges et où les salades ne se composent que d'oignons. Un pays où on ne croise qu'une voiture par heure sur la nationale. Enfin, sur ce qu'ils appellent nationale, mais qui est parfois une piste pleine de cailloux. Un endroit où le vent souffle fort, et de préférence de face. Une région où il y a parfois cent kilomètres entre deux villages. En fait il existe un mot pour décrire une telle contrée : "désert". Le petit nom de la région : Baloutchistan, qui s'étend de part de d'autre de la frontière irano-pakistanaise.


L'escorte de police n'était pas du genre à déserter. Côté pakistanais, fidèle au poste, elle nous suivait coûte que coûte, sans trop perdre patience quand nous luttions sur nos vélos, à 10 km/h, injuriant les cailloux, le vent de face et Jean-Marie Le Pen. Ces policiers du désert étaient plutôt sympas, et nous logeaient systématiquement. A la belle étoile, dans une jolie maison de repos ou dans une cellule, à chaque poste son traitement.


En revanche, les relations avec la police iranienne furent difficiles. Ils nous ont mis de force à l'arrière du pick-up entre la frontière et Zahedan, grande ville à 80 km de là. Puis ne furent pas des plus sympas entre Zahedan et Bam, ville qui marque la fin du Baloutchistan. Résultat : agacés, il fut décidé de rejoindre Bam au plus vite, ce qui induisait une étape de 200 km. On a triché, en mettant les vélos dans le pick-up sur 40 km. Notre compagnon de fortune pour le Baloutchistan, Bostjan a lui mis un point d'honneur à ne jamais quitter sa selle, au grand désespoir de notre escorte pressée d'aller se mettre à l'ombre.


Au delà d'avoir une sacré volonté, Bostjan a pas mal d'expérience et pas mal d'endurance. Il roule depuis et vers sa Slovénie natale, via Russie, Mongolie, Chine et Thaïlande... On a cheminé avec lui depuis le premier jour après Quetta, où notre escorte nous a demandé de l'attendre cinq minutes, afin de rouler groupés. C'est agréable d'apprendre à connaître quelqu'un de différent de nous, qui voyage depuis un an déjà. Un de ses enseignements du voyage : "Ce n'est pas forcément nécessaire de laver ses habits et ses cheveux autant que ce dont on a l'habitude à la maison". C'est pas tombé dans l'oreille de deux sourds...


Heureusement, les paysages étaient souvent très beaux, surtout lors de la descente du plateau de Quetta vers la plaine, ou quand les montagnes étaient proches.


La fin, en revanche, était toute plate, et ressemblait à un immense bac à gravier.


Quoi qu'il en soit, on est contents d'être en Iran. Le pays a l'air riche, propre, efficace. Et maintenant qu'on a quitté le Polistan, on va enfin pouvoir décider de où on s'arrête, et pouvoir discuter avec les gens. Elle est pas plus belle la vie sans police, avec des fruits et autre chose que des gâteaux secs pour repas le midi ?

4 commentaires:

  1. "Ce n'est pas forcément nécessaire de laver ses habits et ses cheveux autant que ce dont on a l'habitude à la maison"

    En vrai, vous n'avez attendu personne pour arriver à cette conclusion, hein ? Comme quoi vous apprenez vite, un an d'expérience en moins de 3 mois !

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  2. a propos du lavage corporel, un vieux ami m'a dit : lorsque tes jambes commencent à coller entre elle grace à la crasse quand tu dors... tu as encore un jour pour te laver ! Bon courage les gars !

    Fab Beaufils

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  3. Salut Thierry, Arnaud et Bostjan!

    Felicitations, great achievement! Nice also that you met with Bostjan, who I saw zooming passed as I was enjoying chai with my host in Sultankot.

    Must say that I'm a bit jealous that you were allowed to cycle this bit, as the pictures show it was a great ride.

    Enjoy Iran, and in case you go to Yazd and you happen to stay (or pass by) the Silk Road hotel, please say hi to Sebastian, Jaschenka and Balal for me,

    Keep 'm spinning!

    Koen

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  4. Le village et la descente font rêver ... J'espère que la suite de l'Iran vous plaira plus que le bac à cailloux ...
    Et puis, est-ce que Mubasnir vous a donné de bons trucs pour arrondir vos fins de mois ?

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