vendredi 30 avril 2010

Inconnu du jour




  1. Qu'est-ce que l'école t'a appris de plus important ?
    La politique et le droit.

  2. Qu'est-ce que tes parents t'ont appris de plus important ?
    A savoir porter la couronne

  3. Qu'a fait le monde pour toi ?
    Deux guerres mondiales...

  4. Que veux-tu faire pour le monde ?
    Je souhaiterais aider les gens dans le besoin

  5. Que ferais-tu avec 10€ ?
    J'en serais ravie ! Je n'ai jamais eu de pièce de 10€ entre les mains.

  6. Où veux-tu vivre ?
    Au Canada, à Ottawa si possible, j'y fait expédier des fleurs tous les ans.

  7. Qui est ton idole ?
    Mon mari

  8. Si tu pouvais faire un voeu, quel serait-il ?
    Que l'on n'oublie jamais mon anniversaire, j'ai horreur de ça !

  9. De quoi as-tu peur ?
    J'ai peur que la mer monte

  10. Quelle est ta question à nous poser ?
    Quelle serait votre couleur préférée ? J'aime bien l'orange mais j'ai peur que cela soit par trop voyant.

jeudi 29 avril 2010

Inconnu du jour



  1. Qu'est-ce que l'école t'a appris de plus important ?
    Une bonne analyse des situations.

  2. Qu'est-ce que tes parents t'ont appris de plus important ?
    Ils m'ont donné le démon du jeu

  3. Qu'a fait le monde pour toi ?
    64 cases

  4. Que veux-tu faire pour le monde ?
    Un peu de politique peut-être...

  5. Que ferais-tu avec 10€ ?
    Je m'achèterais un stock d'orange pour la prison.

  6. Où veux-tu vivre ?
    A Moscou.

  7. Qui est ton idole ?
    Deep Blue

  8. Si tu pouvais faire un voeu, quel serait-il ?
    Que les élections soient remplacée par un tournoi d'échecs

  9. De quoi as-tu peur ?
    De l'égalité des sexes, un roi ne sera jamais une reine.

  10. Quelle est ta question à nous poser ?
    C'est qui le plus fort entre l'homme et la machine ?

Inconnu du jour




Histoire d'égayer le quotidien des lecteurs de ce blog, et parce que les Iraniens du jour se font rares, je mettrai quelques inconnus du jour, dans la veine de celui du 1er avril. C'est assez facile de les deviner par contre...
Si l'un de vous se sent de faire deviner un personnage il peut aussi m'envoyer son questionnaire à getzze[at]gmail[dot]com.

mercredi 28 avril 2010

Iranien du jour : Ali


Ali, 32 ans, Informaticien-entrepreneur, Shiraz

Ali non plus n'aime pas l'Amérique mais contrairement à la plupart de ses concitoyens lui la connait. Parti étudier à Washington, il se fait mettre à la porte par son oncle avec 5$ en poche. Pendant dix ans il se battra pour se faire une place dans cette société qui laisse l'argent pourrir les individus. Aujourd'hui il n'est pas heureux de voir cette même peste qui vient, avec l'industrialisation, gagner l'Iran. Fier de ses racines, il nous explique que la "civilisation" n'est pas née en Grèce comme l'Occident voudrait le faire croire mais ici en Perse. L'Islam, lui, aurait été compris par son peuple déjà au fait du mysticisme et du monothéïsme mais serait toujours mal interprété ailleurs par des "bandes de trous de cul". Ali se dit religieux "tant que religion ne signifie pas frontière".


1 Qu'est ce que l'école t'a appris de plus important ?
On apprend des choses différentes à différents niveaux ! Bon je dirais : à respecter la beauté.

2 Qu'est ce que tes parents t'ont appris de plus important ?
A être gentil et à avoir le coeur ouvert.

3 Qu'a fait le monde pour toi ?
Pour le moment le monde est débiteur envers moi !!!

4 Que veux-tu faire pour le monde ?
Je ne veux pas faire quelque chose de grand pour le monde. Je voudrais plutôt faire quelque chose de petit pour moi.

5 Que ferais-tu avec 10€ ?
Mec ! Demande moi ce que je veux faire avec 1 million plutôt !!!

6 Où veux-tu vivre ?
En Iran mais pas dans cet Iran...

7 Qui est ton idole ?
Vous vous y connaissez en mysticisme ? Je dirais moi mais le bon côté de moi.

8 Si tu pouvais faire un voeu, quel serait-il ?
La justice dans le monde. Beaucoup veulent la paix mais sans justice on ne peut pas avoir la paix.

9 De quoi as-tu peur ?
De rien en particulier, mais on a tous peur d'être isolé, d'être rejeté.

10 Quelle est ta question à nous poser ?
Comprenez-vous bien la culture iranienne ?

mardi 27 avril 2010

Iranien du jour : Mariam


Mariam, 19 ans, Etudiante en médecine, Shiraz

Se faire aborder par deux jeunes filles à la tombée de la nuit... voilà une sacrée surprise que nous réserve la visite de la tombe d'un poète. L'anglophone des deux est très décidée. Elle n'hésite pas à répondre quand un groupe de mec se moque d'elles ( et surement de nous !) en passant. Rêvant d'occident, elle n'en délaisse pas pour autant ses valeurs iraniennes. Elle aime Britney et les hamburgers, mais hait Obama et l'Amérique qui veut tout décider chez elle. A l'écouter, son pays manquerait plus de technologie que de liberté... On la choquera quand on lui avouera ne pas croire en Dieu.

1 Qu'est ce que l'école t'a appris de plus important ?
A avoir bon caractère.

2 Qu'est ce que tes parents t'ont appris de plus important ?
L'amour.

3 Qu'a fait le monde pour toi ?
Une bonne vie, de bonnes idées.

4 Que veux-tu faire pour le monde ?
Devenir médecin pour aider le monde.

5 Que ferais-tu avec 10€ ?
Rien, plus tard je veux être médecin et j'espère gagner plus !

6 Où veux-tu vivre ?
Au Canada ou à Paris.

7 Qui est ton idole ?
Mes parents.

8 Si tu pouvais faire un voeu, quel serait-il ?
Voir le monde entier.

9 De quoi as-tu peur ?
Des serpents.

10 Quelle est ta question à nous poser ?
Quel serait votre plus beau voeu ?

lundi 26 avril 2010

Iranien du jour : Mohammad


Mohammad, 22 ans, étudiant en anglais, Shiraz

Nous hésitons à un croisement près d'une belle mosquée, il n'en faut pas plus à Mohammad pour s'improviser guide. Au cours de la visite il nous surprend en revenant deux fois sur le sujet de sa prochaine dissertation qui ne nous intéresse pas vraiment : " les pièces détachées de voitures ". Nous nous vengeons avec nos questions préférées. Bon public, il nous demandera même un autographe sur son livre de cours.

1 Qu'est-ce que l'école t'a appris de plus important ?
Je vais à l'école pour trouver un boulot après... pas vraiment pour apprendre.

2 Qu'est-ce que tes parents t'ont appris de plus important ?
L'honnêteté

3 Qu'a fait le monde pour toi ?
On est mortels et la vie est un jeu. Je prends le monde pour un divertissement.

4 Que veux-tu faire pour le monde ?
Je ne sais pas ce que le monde faudrait que je fasse pour lui !

5 Que ferais-tu avec 10€ ?
J'achèterais des bouquins d'anglais.

6 Où veux-tu vivre ?
Dans ma ville, juste dans ma ville.

7 Qui est ton idole ?
Je n'ai pas d'idole. Je fais juste attention à moi et quand je vois quelque chose de mieux chez quelqu'un j'essaie de m'améliorer.

8 Si tu pouvais faire un voeu, quel serait-il ?
Devenir enseignant.

9 De quoi as-tu peur ?
De mon futur, de ne pas trouver d'emploi.

10 Quelle est ta question à nous poser ?
Quelle est votre opinion sur le peuple iranien, sur les gamins iraniens, sur moi ?

samedi 24 avril 2010

Iranien du jour : Farouk


18 ans, Lycéen, Bandar e Moqam

Farouk est un jeune musulman pieux et moderne. Il porte un polo manches courtes mais nous quitte le temps de la prière. Il a un beau portable mais s'il le sort dans les transports ou quand il s'ennuie c'est pour écouter quelques sourates. Son calme et sa maturité nous ont surpris.

1 Qu'est ce que l'école t'a appris de plus important ?
A lire et à écrire.

2 Qu'est ce que tes parents t'ont appris de plus important ?
A ne pas mentir et à être juste.

3 Qu'a fait le monde pour toi ?
La maison dans laquelle on vit.

4 Que veux-tu faire pour le monde ?
Tout ce que je peux.

5 Que ferais-tu avec 10€ ?
J'économiserais pour faire le pélerinage à La Mecque et pour aider les pauvres.

6 Où veux-tu vivre ?
Dans un endroit doux, comme ici par exemple.

7 Qui est ton idole ?
Le Prophète Mahomet.

8 Si tu pouvais faire un voeu, quel serait-il ?
Je veux visiter les autres pays du monde.

9 De quoi as-tu peur ?
De la maladie.

10 Quelle est ta question à nous poser ?
Comment appréciez-vous de parcourir le monde ?

vendredi 23 avril 2010

Fiche-résumé du Pakistan


Pays : Pakistan
Régime : république, pourvu que ça dure.
Durée :  27 jours
Distance parcourue : 1800 km, tout en vélo
Dépense journalière par personne : 10€ par jour en ville (hôtel), 3€ sinon



On a aimé :
  • Quetta pour sa mixité, Lahore pour son ambiance
  • les autres voyageurs, peu nombreux et tous intéressants
  • le mariage entre régime carné musulman et cuisine indienne
  • les camions-oeuvres d'art et la vie qui va autour


On n’a pas aimé :
  • ne pas voir de femmes, que des ados nous parlent de cul et que des jeunes adultes aillent au cyber-café regarder des films porno
  • l'insécurité qui nous a valu une escorte mais surtout pèse sur le quotidien des habitants
  • certains ados, collants et pas intéressants.



De ce qu'on avait "perdu" en allant au Bangladesh, qu'on a retrouvé de l'Occident :
  • la viande
  • pouvoir sur un malentendu ne pas passer pour des touristes (on ressemble à des Pachtounes...)
  • des montagnes

On a faim, rendez-nous les dhabas !

Deuxième volet du plaidoyer pour les dhabas : la nourriture. En effet, il serait bien pratique d'avoir des restaurants bons et pas chers le long de la route.

L'Iran est trois fois moins dense que la France, sachant que c'est plutôt le Nord-Ouest qui est peuplé...
La première partie que l'on a traversée était un désert, et ensuite, c'est le long du golfe persique que l'on a cheminé. Golfe où l'humidité de l'air et la chaleur (jusque 50°C en été) n'aident pas beaucoup à densifier la population pour le plus grand bonheur d'une curieuse espèce qui a su saisir la niche : le dromouettaire. Enfin, rejoindre Shiraz nous a fait traverser des montagnes arides sur une autoroute toute neuve.


Résultat de cette faible densité: trouver une petite ville où s'arrêter le soir nous contentait déjà, car cela nous permettait d'aller faire un tour chez le primeur avant d'engloutir un kebab frais. En solution de repli, on s'arrimait aux hamburgers au pain et à la viande congelée, que l'on peut trouver même dans les gros villages. Le midi, c'est souvent l'option épicerie qui s'impose. Quand on trouve un village, on remplit les sacoches, et c'est parti ! Le choix se limite à : pain (pas toujours), fêta, purée d'aubergine-tomate, chips et gâteaux secs, sans oublier les éternelles glaces. Quand on a réussi à s'amener quelques tomates-concombres, on peut aussi se faire un sandwich à la salade grecque (ce que les Parisiens appelent "sandwich grec" étant un kebab, faut croire qu'Iran et Grèce sont culinairement liés).

Il existe quelques motifs de rejouissance, heureusement. D'abord, les melons et pastèques, que l'on transporte parfois dans les sacoches, et qui nous font plaisir aux pauses. Autre plaisir sucré : les pâtisseries. Elles sont bonnes, et étonnament pas chères (une assiette comme celle en photo coûte 2€, soit deux hamburgers). Enfin, les Iraniens sont champions du monde en herbes aromatiques.


Ah oui, et j'allais oublier que les Iraniens sont carnivores, et ne font pas semblant quand ils mangent de la viande... Dans les grandes villes, le poulet rôti entier est de mise, et pas pour six personnes. Mais on ne perd pas tout espoir pour autant, la nourriture est pas mal dans les villes, et il paraît qu'elle est meilleure dans le nord moins sec.


Pour l'instant, on fait donc globalement un régime hamburger-fêta-glace-pâtisseries. Heureusement qu'on se dépense pas mal sur le vélo pour éliminer tout ça...

jeudi 22 avril 2010

Iranien du jour : Mahmoud


40 ans, Kong, restaurateur-trotter

Grâce aux conseils d'Ahmad et Toufik nous avons pu profiter de notre meilleur repas iranien. De notre meilleur repas en Iran devrais-je dire car si Mahmoud est bien iranien, c'est indien que nous avons mangé dans son restaurant ! N'ayant pas la chance de pouvoir, grace à Alexis, apprendre sur ce blog les secrets du Dum Aloo ou du Malai Kofta, Mahmoud a du mettre à profit ses années passées en Inde pour apprendre la cuisine locale. De retour au pays après un passage par les Emirats, il a ouvert le Taj-Mahal mais a bien sur laissé une broche à kebab devant l'entrée pour rassurer les locaux.

1 Qu'est-ce que l'école t'a appris de plus important ?
Respecter les gens.

2 Qu'est-ce que tes parents t'ont appris de plus important ?
Mon père me répétait toujours qu'il fallait que je me comporte bien, parce que sinon les gens allaient dire "c'est le fils de qui celui-là ?".

3 Qu'a fait le monde pour toi ?
Plein de pays que je veux voir.

4 Que veux-tu faire pour le monde ?
Je veux la paix partout, on est tous frères.

5 Que ferais-tu avec 10€ ?
D'abord, je demanderais autour de moi si personne ne les a perdus. Si non, j'en donnerais la moitié aux pauvres et j'irais manger avec le reste.

6 Où veux-tu vivre ?
A Delhi.

7 Qui est ton idole ?
Cheikh Zayed, des Emirats Arabes Unis.

8 Si tu pouvais faire un voeu, quel serait-il ?
Retourner en Inde.

9 De quoi as-tu peur ?
De Dieu.

10 Quelle est ta question à nous poser ?
Que pensez-vous des différences entre l'Inde et l'Iran ?

mercredi 21 avril 2010

Faites la sieste, OK, mais rendez-nous les dhabas !

Au Pendjab indien ou pakistanais, la journée se passe lentement, mais d'un seul bloc, sans sieste. Les camions passent tout aussi lentement, à 40 km/h de moyenne. De nombreux restaurants pour routiers, nommés dhabas, jalonnent donc les routes. Les camionneurs y mangent le plat souvent unique mais bon, assis sur des lits de corde. Revenant à la fonction occidentale du lit, on en profitait pour faire la sieste pendant les heures chaudes.

Ici, en Iran, les gens ont un rythme plus espagnol que les Espagnols. Debout à 6h du matin, ils commencent le boulot ou l'école vers 7h, mais dorment presque tous entre 13h et 16h. Puis sont vaillants à nouveau, jusque minuit. Oh, cela ne nous dérange pas en soi, on n'a rien contre l'Espagne (un des deux T-shirt "vélo" d'Arnaud étant un maillot de l'équipe de foot espagnole, on nous prend souvent pour des Ibères). C'est juste que ici, les camions vont vite, et n'ont pas besoin de s'arrêter tous les 50 km. Donc plus de dhabas, et plus de sieste -des lecteurs vont objecter qu'on peut toujours faire la sieste dans l'herbe à l'ombre, mais dans les zones traversées, les arbres se faisaient très rares et plutôt maigrichons-.


C'est un peu gênant quand il fait chaud, mais ça reste supportable. Le problème vient surtout quand on est invités chez des gens, et que à 22h30 on tombe de sommeil alors que eux sont encore frais et dispos. Même soucis quand nos hôtes partent au lycée alors qu'on dort encore...


On passe donc parfois la nuit chez les gens. D'autres fois, c'est vers la mosquée qu'on est redirigés. Ou alors on dort dans les jardins publics. C'est un lieu social que les Iraniens apprécient, et où ils viennent pique-niquer et camper, ou tout simplement profiter de la fraicheur du soir. Il y a des toilettes où on peut se laver (au seau), et même parfois des fontaines d'eau fraîche. Il est à chaque fois cocasse que l'on s'endorme alors que les cages à poule sont encore pleines d'enfants...

Maintenant que l'on est entrés dans l'Iran où il fait froid, ça va peut-être changer.

mardi 20 avril 2010

Iranien du jour : Ahmad


16 ans, Lycéen, Kong

Nos rencontres avec les adolescents ne sont généralement pas les plus intéressantes. Bandar e Kong nous revèle toutefois une agréable surprise. Ahmad et son ami Toufik nous abordent afin de pratiquer leur anglais. Demain ils ont un exam et sont plutôt d'avis que discuter avec deux étrangers vaut bien de longues heures de révision. Ahmad a un air vif et branché qui contraste avec celui de son meilleur ami, Toufik.

1 Qu'est-ce que l'école t'a appris de plus important ?
Comment se passe la vie dans le monde.

2 Qu'est-ce que tes parents t'ont appris de plus important ?
Le comportement à avoir avec les gens.

3 Qu'a fait le monde pour toi ?
Tout. Si le monde ne m'avait pas fait, je ne serais pas là pour en parler.

4 Que veux-tu faire pour le monde ?
Etudier dur pour me rendre utile.

5 Que ferais-tu avec 10€ ?
Je les garderais en cas de besoin.

6 Où veux-tu vivre ?
Dans un endroit où le climat est agréable et les gens bien. Et je veux voir Hawaï.

7 Qui est ton idole ?
Lionel Messi, mais mon équipe favorite est Arsenal.

8 Si tu pouvais faire un voeu, quel serait-il ?
Devenir dentiste et avoir une bonne vie.

9 De quoi as-tu peur ?
De notre Dieu.

10 Quelle est ta question à nous poser ?
Quelle club de foot supportez-vous ?

lundi 19 avril 2010

Iranien du jour : Toufik


16 ans, lycéen, Kong

Toufik est un jeune sérieux. Heureux de pouvoir discuter en anglais et de trouver un public d'un soir pour sa collection numismatique digne d'un musée, il nous a bien aidé en retour. La nuit passée dans sa belle maison de marin arabe a été paisible. Un peu trop même... nous ne l'avons pas entendu partir pour le lycée à six heure et quart et n'avons donc pas pu lui dire aurevoir !

1 Qu'est-ce que l'école t'a appris de plus important ?
La physique, les maths, la chimie.

2 Qu'est-ce que tes parents t'ont appris de plus important ?
Que je dois être quelqu'un de bien pour ma ville [son nom de famille est Kongi].

3 Qu'a fait le monde pour toi ?
Tout.

4 Que veux-tu faire pour le monde ?
Tu sais, j'ai jamais pensé à ça.

5 Que ferais-tu avec 10€ ?
Je le changerais contre des pièces et des billets étrangers, j'ai une grosse collection je peux vous la montrer si vous voulez.

6 Où veux-tu vivre ?
Le monde entier a l'air très bien, mais tant qu'à choisir, l'Iran c'est très bien.

7 Qui est ton idole ?
Jésus, il n'y a eu personne comme lui depuis.

8 Si tu pouvais faire un voeu, quel serait-il ?
D'être quelqu'un de bien pour le monde.

9 De quoi as-tu peur ?
De mon pays. Je suis sunnite.

10 Quelle est ta question à nous poser ?
Pourquoi posez-vous toutes ces questions ?

vendredi 16 avril 2010

Un peu de politique

Aujourd'hui pas d'Iranien du jour, mais un interview du ministre des affaires étrangères israëlien, Avigdor Lieberman. Il y décrit sa vision de l'Etat d'Israël.
http://www.courrierinternational.com/article/2010/04/15/la-paix-selon-avigdor-lieberman

L'interview a été publié dans Maariv, quotidien israëlien, et relayé (et traduit) par Courrier International.

jeudi 15 avril 2010

Iranien du jour : Elle


Fin de vingtaine, saisonnière trois mois par an.

Elle est la femme de Hussain. Elle nous ouvre la porte voilée mais en habits assez moulants pour la région qu'elle cache sous un ample châle sitôt que son pieux beau-frère arrive, pour mieux se remettre à l'aise à son départ. Elle nous a servi un "repas à l'envers", apportant le thé, puis des patisseries pour finir par le plat principal. Raison : notre venue n'était pas prévue, et il lui fallait un petit délai pour nous faire honneur. Si elle ne parle ni anglais ni français, sa douceur et sa gentillesse ont fait que l'on s'est senti bien en sa compagnie. De plus, il est toujours mignon de se retrouver dans le nid d'un jeune couple amoureux...


1 Qu'est ce que l'école t'a appris de plus important ?
Rien, oh, un peu d'histoire quand même.

2 Qu'est ce que tes parents t'ont appris de plus important ?
Beaucoup, les manières de la vie par exemple.

3 Qu'a fait le monde pour toi ?
Rien.

4 Que veux-tu faire pour le monde ?
Rien.

5 Que ferais-tu avec 10€ ?
J'achèterais des vêtements.

6 Où veux-tu vivre ?
Si l'Iran changeait, j'aimerais rester en Iran. Mais pas ici, à Shiraz par exemple.

7 Qui est ton idole ?
Le roi Kurosh.

8 Si tu pouvais faire un voeu, quel serait-il ?
Voyager dans le monde entier.

9 De quoi as-tu peur ?
De la mort de mes proches.

10 Quelle est ta question à nous poser ?
Quel lieu du monde aimez-vous beaucoup ?

mercredi 14 avril 2010

Iranien du jour : Hussain


La trentaine, employé de musée

L'inattendu "Do you speak French ? " de la part d'un employé de musée sonna comme une agréable surprise. Le reste de notre rencontre aussi... Il nous a invité chez lui, et gâtés -allant même jusqu'à dormir chez sa mère pour nous laisser tranquilles.
Hussein est quelqu'un de posé et réfléchi. Sa réflexion lui fait détester ceux qui réduisent sa liberté, et donc les islamistes au pouvoir. Il a peur que la bombe atomique atterrisse dans les mains des "fous", et aimerait pouvoir changer le régime. Il voudrait cependant être sûr que la révolution réussisse avant de s'engager, car sinon, il pourrait dire adieu à son métier qu'il aime... Ce serait la même sanction s'il avouait à ses collègues qu'il n'est pas musulman et n'observe pas ramadan. Admirant plutôt la religion de l'Iran pré-islam, le zoroasthrianisme, qui respectait les éléments naturels, il regrette beaucoup que ses parents lui aient donné un nom arabe -quatorze siècles plus tard, il les considère toujours comme des envahisseurs.


1 Qu'est-ce que l'école t'a appris de plus important ?
Que deux et deux font quatre.

2 Qu'est-ce que tes parents t'ont appris de plus important ?
J'ai bénéficié des voyages de mon père en Iran, et de la gentillesse de ma mère.

3 Qu'a fait le monde pour toi ?
Le temps.

4 Que veux-tu faire pour le monde ?
Respecter l'environnement, l'eau, etc...

5 Que ferais-tu avec 10€ ?
Bien sûr je voyagerais !

6 Où veux-tu vivre ?
Je voudrais vivre dix ans en Europe puis retourner en Iran.

7 Qui est ton idole ?
Mohammad Mossadegh

8 Si tu pouvais faire un voeu, quel serait-il ?
Me promener dans le monde.

9 De quoi as-tu peur ?
Des maladies de vieillesse, comme Alzheimer.

10 Quelle est ta question à nous poser ?
Etes-vous contents dans votre vie ?

mardi 13 avril 2010

Iranien du jour : Abdullah


22 ans, service militaire, Faryab

Avoir arrêté l'école à seize ans empêche Abdullah d'avoir des galons mais pas d'être le seul policier anglophone que nous ayons croisé en Iran ! Son secret ? Il est parti rejoindre son père pour travailler à Dubai. Le retour au pays afin d'accomplir son devoir de citoyen ne l'enchante pas. Seize mois à tirer au milieu de "débiles"... mais bon à Dubaï c'est la crise et puis il y a beaucoup trop d'Indiens ! Allez courage Abdu c'est qu'un mauvais moment à passer.

1 Qu'est-ce que l'école t'a appris de plus important ?
Rien.

2 Qu'est-ce que tes parents t'ont appris de plus important ?
Ils m'ont appris la vie.

3 Qu'a fait le monde pour toi ?
Tellement de choses, comment vivre avec les gens.

4 Que veux-tu faire pour le monde ?
Aider les pauvres.

5 Que ferais-tu avec 10€ ?
C'est rien ça. Avec 1000€, j'irais voyager dans un endroit cool bien sûr.

6 Où veux-tu vivre ?
Chez moi, à Bastak, avec mes amis.

7 Qui est ton idole ?
Mes amis.

8 Si tu pouvais faire un voeu, quel serait-il ?
Pouvoir aller où je veux.

9 De quoi as-tu peur ?
De rien...Ah si, de Dieu.

10 Quelle est ta question à nous poser ?
Que pensez-vous des Iraniens ?

lundi 12 avril 2010

Iranien du jour : Amany


48 ans, gérant de magasin de photo, Bam

Amany était guide touristique dans un des joyaux culturels de l'Iran. Aujourd'hui il vend des piles et des pellicules dans un des containers amenagé que le gouvernement a prété aux survivants du tremblement de terre. Sa famille n'est plus là, la citadelle est en ruine mais Amany est debout, construit un magasin à deux pas de sa cage et veut croire en l'avenir.

1 Qu'est-ce que l'école t'a appris de plus important ?
Le premier jour au collège, le professeur a été si dur avec moi que jusqu'au dernier jour j'ai considéré l'école comme une prison. Ensuite, j'ai appris l'anglais, mais pas à l'école.

2 Qu'est-ce que tes parents t'ont appris de plus important ?
C'est dur...[il marque un temps de silence, les larmes aux yeux]. Mes parents et la majorité de ma famille sont décédés pendant le tremblement de terre de 2003.

3 Qu'a fait le monde pour toi ?
Le gouvernement et les pays étrangers nous ont aidés, mais seulement pendant un an et demi après le tremblement de terre. Après, plus rien.

4 Que veux-tu faire pour le monde ?
Je suis prêt à aller aider n'importe où. Il y a quelques semaines, il y a eu un tremblement de terre dans je sais plus quel pays africain, j'étais prêt à y aller. Haïti ? Oui c'est ça.

5 Que ferais-tu avec 10€ ?
C'est trop peu pour valoir le coup d'épargner, donc j'irais manger avec.

6 Où veux-tu vivre ?
Avant je voulais bouger, mais maintenant je veux rester dans ma ville, je l'aime et elle a besoin que ses habitants y restent après la lourde perte qu'elle a subie.

7 Qui est ton idole ?
J'aime ceux qui aiment la liberté. Che Guevara, Jeanne d'Arc.

8 Si tu pouvais faire un voeu, quel serait-il ?
Un seul ? Laissez moi réfléchir...J'aimerais que tout le monde souhaite la vérité, que les gens se battent pour leurs convictions, mais seulement si elles sont bonnes.

9 De quoi as-tu peur ?
Du mensonge.

10 Quelle est ta question à nous poser ?
Que pensez-vous de mon peuple, mon pays, ma religion ?

samedi 10 avril 2010

La société pakistanaise

Les médias français ne parlent du Pakistan que pour le terrorisme. Mais vous imaginez bien que c'est un peu réducteur, que chaque Pakistanais n'a pas prêté allégeance à Ben Laden. Quelle fut l'impression de vos cyclope-trotters ?



La réponse est : contrastée, mais assez pessimiste. Un des points positifs est que, comme les réponses au questionnaire le montrent, les Pakistanais ont globalement l'impression de vivre, Allah merci, dans un pays en paix (la comparaison avec l'Afghanistan voisin doit favoriser cette idée). Ils ne nous parlaient que très peu des attentats, pourtant assez fréquents. Le thème de la guerre en Afghanistan, où les Américains tuent des innocents, revient beaucoup plus fréquemment. Les Pakistanais souffrent de voir des coreligionnaires y mourir. Ils souffrent aussi du fait que les Américains donnent des contrats de reconstruction aux Indiens, et ont l'impression d'être encerclés par leur ennemi juré. On a entendu beaucoup plus de "I hate India" en un mois au Pakistan que de "I hate Pakistan" en six semaines en Inde -et beaucoup considèrent que ceux qui vont faire des attentats en Inde ne font que se battre pour la liberté du Cachemire. Les dépenses militaires mises en jeu pour faire face à ce voisin beaucoup plus puissant pèsent un poids démesuré dans le budget national.

Les Pakistanais souffrent aussi beaucoup de l'incurie de leurs gouvernants. Encore plus qu'en Inde et qu'au Bangladesh, une poignée de familles dirige l'économie et la politique, de génération en génération. Au Bangladesh, la présidente est la fille du leader de l'indépendance, et sa principale opposante est la veuve d'un ancien dictateur. En Inde, Rahul Gandhi est favori pour être le prochain premier ministre, et n'est autre que l'arrière petit-fils de Jawarhal Nehru (lui-même fils d'un dirigeant célèbre), premier premier ministre de l'Inde, le petit-fils d'Indira Gandhi, première ministre assassinée, et le fils de Rajiv Gandhi, lui aussi premier ministre assassiné. Au Pakistan, le président est Ali Asif Zardari, veuf de Benazir Bhutto, ancienne première ministre assassinée, elle-même fille de Zulfiqar Bhutto, premier ministre assassiné. Et le pouvoir économique est à peu près aussi concentré que le pouvoir politique...



En dehors d'expliquer le désespoir de la population face aux politiques, cela montre bien le poids que la famille porte au Pakistan. Contrairement à l'Inde, les mariages se font souvent à l'intérieur de la famille, entre cousins éloignés. Les Pachtounes, eux, ont un système clanique d'échelle un peu plus grande que la famille, mais extrêmement fort. Un vendeur de jus de fruit vole le porte-feuille d'Arnaud ? Ils s'y mettent tous à nous expliquer que c'est pas lui, que si le vendeur est un voleur, ça veut dire qu'ils sont tous des voleurs.
Le non-renouvellement des élites (bien sur corrompues) est un premier motif de pessimisme. Un autre est donc le fait que la position des dirigeants mais aussi du peuple face aux problèmes régionaux n'est pas très constructive : ils n'aiment quand même pas les talibans qui posent des bombes chez eux, supportent pour la plupart l'offensive de l'armée contre leurs bastions du Waziristan (une véritable guerre s'y déroule, depuis de nombreux mois, et mettant en jeu des dizaines de milliers de soldats appuyés par des armes lourdes et de l'aviation, et pour l'instant l'armée gagne des vallées, comme elle a re-gagné la vallée de Swat l'été dernier). Mais ils dédouanent les talibans qui combattent les Américains et les Indiens...Tout ça ne va pas arrêter le terrorisme national et régional (les talibans arrêteront un temps de poser des bombes au Pakistan, se refairont une santé avec l'aide des services secrets, puis recommenceront à se battre contre l'armée quand ils se sentiront à nouveau forts).

Dernier motif d'inquiétude pour le pays : la trop grande diversité ethnique. Les Pachtounes, au Nord-Ouest, sont forts et fiers, virils à l'afghane (où la moitié des Pachtounes vivent). Les Baloutches sont isolés dans le désert, à garder des chèvres et à se lamenter du fait que "leur" gaz naturel parte renflouer les caisses d'Islamabad. Les Punjabis sont trop nombreux et ressemblent à des Indiens. Les Sindhis sont devenus minoritaires dans leur propre province, écrasés par les Mohajirs ("réfugiés"), venus d'Inde s'installer à Karachi lors de la partition en 1947. Karachi, qui accueille aussi de nombreux réfugiés pachtounes, est victime d'affrontements ethniques. De plus, la minorité chiite est souvent victime d'attentats. Heureusement pour eux que les Sikhs et les Hindous ont presque tous fui en 1947...


Mais malgré ça, les Pakistanais aiment leur pays et restent étonnamment gentils avec les étrangers. On dit qu'être dans la merde soude les gens, c'est ce qui doit expliquer leur solidarité jamais vue pour nous.

PS : et pour faire plaisir à Nika qui on s'en doute n'a pas mieux à faire au Pérou que de lire notre blog jusqu'à la dernière ligne, voici à quoi ressemblent nos bolides une fois chargés.



La position normale de déplacement est toutefois un peu moins inclinée que cette pose prise au millième kilomètre pédalé. Pour savoir qui lit vraiment notre blog jusqu'à la dernière ligne, voici une nouvelle énigme. Où se situait ce millième kilomètre ? A gagner cette fois un stage de mosaïque sur montagne (cf photo plus haut) avec les spécialistes de la région de Quetta. GU devrait être motivé.

vendredi 9 avril 2010

Le lassi, ça se mange !

Enfin ça se boit plutot, sinon c'est quand même mauvais signe quant à sa fraicheur.


Avec le tchai (thé aux épices), les jus de fruits et les milkshakes, le lassi fait partie de ces boissons qu'on trouve à tous les coins de rue en Inde. C'est bien frais et ça permet de faire passer le plat trop épicé en fin de repas (sauf dans un cas sous-mentionné). Si vous passez par Bundi, au Rajasthan, sachez qu'on y fait le meilleur lassi indien (titre autoproclamé mais mérité).

L'ingrédient de base du lassi est ce que l'on appelle le babeurre en français. Je ne sais pas si on peut en acheter en France, par contre c'est courant aux Pays-Bas. C'est en fait du lait aigre, d'où la petite astuce pour faire du pseudo-lassi, acheter du yaourt liquide et attendre la date de péremption.

Il n'y a pas de recette en particulier, il suffit d'ajouter du sucre au-dit babeurre ainsi qu'un fruit mixé (mangue, banane, fraise...), du miel ou du citron... On peut aussi trouver du lassi salé en Inde (sans que ce soit toujours précisé) voire du lassi épicé, c'est celui à éviter après le repas.

Si vous n'êtes pas férus de boisson sure, il vous reste quand même le milkshake. C'est pareil mais avec du lait tout simple. Se munir d'un bon mixeur, un peu de sucre car les fruits sont bien moins sucrées qu'en Inde et laisser libre cours à son imagination. Tous les fruits mous sont bons, banane, fraise, mure, mangue, ananas, même carotte et avocat. Enfin il est monnaie courante d'ajouter de la cardamome dans son milkshake, mais le gout est particulier.

jeudi 8 avril 2010

Pakistanais du jour : Allahbakhsh


35 ans, responsable de la route Quetta-Zahedan, Yakmach.

Au delà d'être un sacré désert géologique, le Balouchistan n'est pas loin d'être un désert d'anglophones. Pas facile d'échanger avec les locaux et encore moins de sortir notre questionnaire qui commence à s'ennuyer dans le carnet depuis Quetta. Vous imaginez sa joie lorsqu'un un habitant de l'oasis de Yakmach lui a donné l'occasion de prendre l'air. Allahbakhsh parle avec application dans son anglais "cassé" qu'il est content de pouvoir utiliser. Il rigole quand je lui demande s'il est instituteur. Mais pas du tout ! Son boulot est de s'assurer que tout file bien droit sur la portion Dalbandin-Nokkundi de la N40.


1 Qu'est-ce que l'école t'a appris de plus important ?
Avoir bon caractère et de l'honneur.

2 Qu'est-ce que tes parents t'ont appris de plus important ?
Le respect.

3 Qu'a fait le monde pour toi ?
Le monde a fait beaucoup de choses. Mais aujourd'hui notre gouvernement a tout gâché.

4 Que veux-tu faire pour le monde ?
Conserver la paix.

5 Que ferais-tu avec 10€ ?
J'utiliserais la moitié pour moi, pour manger, et donnerais l'autre moitié aux pauvres.

6 Où veux-tu vivre ?
Je veux vivre dans un endroit en paix. Ici Yakmach c'est donc bien.

7 Qui est ton idole ?
Mohamed Ali Jinnah.

8 Si tu pouvais faire un voeu, quel serait-il ?
Mon premier voeu serait la paix.

9 De quoi as-tu peur ?
Des terroristes.

10 Quelle est ta question à nous poser ?
Quand vous serez de retour en France, parlerez-vous du fait que les Pakistanais ont besoin de paix et de mettre fin au terrorisme ?

mercredi 7 avril 2010

Les déserteurs

Pendant 8 jours, on a déserté la civilisation. On s'est retrouvé à pédaler dans un pays où quand tu commandes des légumes, des patates arrivent, quand tu demandes des lentilles, c'est du blé que tu manges et où les salades ne se composent que d'oignons. Un pays où on ne croise qu'une voiture par heure sur la nationale. Enfin, sur ce qu'ils appellent nationale, mais qui est parfois une piste pleine de cailloux. Un endroit où le vent souffle fort, et de préférence de face. Une région où il y a parfois cent kilomètres entre deux villages. En fait il existe un mot pour décrire une telle contrée : "désert". Le petit nom de la région : Baloutchistan, qui s'étend de part de d'autre de la frontière irano-pakistanaise.


L'escorte de police n'était pas du genre à déserter. Côté pakistanais, fidèle au poste, elle nous suivait coûte que coûte, sans trop perdre patience quand nous luttions sur nos vélos, à 10 km/h, injuriant les cailloux, le vent de face et Jean-Marie Le Pen. Ces policiers du désert étaient plutôt sympas, et nous logeaient systématiquement. A la belle étoile, dans une jolie maison de repos ou dans une cellule, à chaque poste son traitement.


En revanche, les relations avec la police iranienne furent difficiles. Ils nous ont mis de force à l'arrière du pick-up entre la frontière et Zahedan, grande ville à 80 km de là. Puis ne furent pas des plus sympas entre Zahedan et Bam, ville qui marque la fin du Baloutchistan. Résultat : agacés, il fut décidé de rejoindre Bam au plus vite, ce qui induisait une étape de 200 km. On a triché, en mettant les vélos dans le pick-up sur 40 km. Notre compagnon de fortune pour le Baloutchistan, Bostjan a lui mis un point d'honneur à ne jamais quitter sa selle, au grand désespoir de notre escorte pressée d'aller se mettre à l'ombre.


Au delà d'avoir une sacré volonté, Bostjan a pas mal d'expérience et pas mal d'endurance. Il roule depuis et vers sa Slovénie natale, via Russie, Mongolie, Chine et Thaïlande... On a cheminé avec lui depuis le premier jour après Quetta, où notre escorte nous a demandé de l'attendre cinq minutes, afin de rouler groupés. C'est agréable d'apprendre à connaître quelqu'un de différent de nous, qui voyage depuis un an déjà. Un de ses enseignements du voyage : "Ce n'est pas forcément nécessaire de laver ses habits et ses cheveux autant que ce dont on a l'habitude à la maison". C'est pas tombé dans l'oreille de deux sourds...


Heureusement, les paysages étaient souvent très beaux, surtout lors de la descente du plateau de Quetta vers la plaine, ou quand les montagnes étaient proches.


La fin, en revanche, était toute plate, et ressemblait à un immense bac à gravier.


Quoi qu'il en soit, on est contents d'être en Iran. Le pays a l'air riche, propre, efficace. Et maintenant qu'on a quitté le Polistan, on va enfin pouvoir décider de où on s'arrête, et pouvoir discuter avec les gens. Elle est pas plus belle la vie sans police, avec des fruits et autre chose que des gâteaux secs pour repas le midi ?

mardi 6 avril 2010

Pakistanais du jour : Mubasnir


33 ans, inspecteur de travaux publics, Quetta.

On dit que pour apprendre à connaître quelque chose, il faut rencontrer ceux qui l'adorent et ceux la haïssent. Trouver des Pakistanais dythirambiques sur leur pays était plus facile que des sceptiques. Avec Mubasnir, c'est chose faite. Même s'il est musulman (mais pas trop), il ne jure que par l'Inde. Le Pakistan est un pays de voleurs, où un mec sur trois boit en cachette. Et un pays de corrompus. Dont lui, ce qu'il avoue sans fard "je fais comme tout le monde".


1 Qu'est-ce que l'école t'a appris de plus important ?
L'école ne m'a rien appris.

2 Qu'est-ce que tes parents t'ont appris de plus important ?
Aimer les enfants.

3 Qu'a fait le monde pour toi ?
Rien. Je dois tout faire moi-même.

4 Que veux-tu faire pour le monde ?
La paix. Et supprimer les passeports...

5 Que ferais-tu avec 10€ ?
J'achèterais des jouets pour mon fils.

6 Où veux-tu vivre ?
Aux Etats-Unis, en France, ...

7 Qui est ton idole ?
Gandhi.

8 Si tu pouvais faire un voeu, quel serait-il ?
Même réponse que la question 4 : je veux la paix.

9 De quoi as-tu peur ?
J'ai peur de la guerre, de la guerre sociale.

10 Quelle est ta question à nous poser ?
Vous n'êtes pas mariés, mais avez-vous des relations sexuelles ?

Le pain, ça se mange !

On aime les pains qui accompagnent les plats indiens pour plusieurs raisons. Ils permettent de ne pas gouter aux sauces épicées directement, ils calent les estomacs et surtout, ils sont bons !




Le pain de base est le chapati.
Pour faire ce pain plat, il faut ajouter 65 ml d'eau et deux cuillères à thé d'huile à 250 g de farine de blé entier (Pour les doses précises, je me suis inspiré d'une site facile à trouver sur google parce que les équivalents en tasse d'eau ne sont pas très précis).
Il faut ensuite pétrir jusqu'à avoir une pâte homogène.
Laisser reposer ensuite sous un torchon.
La cuisson se fait dans une poêle très chaude sans matière grasse. Un petit disque aplati formé à partir d'un bout de pâte doit cuire jusqu'à présenter des petites taches noires.

A partir de la pâte précédente, on peut faire facilement du plain paratha. Sur des disques de pâte, il faut étaler un petit peu d'huile. Ensuite replier en deux puis en quatre le disque sur lui même. Fariner le dessus puis faire cuire en forme de triangle 3 minutes dans une poêle avec un peu d'huile.



Enfin, on peut aussi transformer cette pâte en aloo paratha. Pour ceux qui ont bien suivi, aloo veut dire pomme de terre.
Sur un disque de la pâte précédente, placer une pomme de terre bien cuite, 1 c. de curcuma, 1/4 de c. de masala, 1/4 de c. de sel, 1/4 de c. d'anis, 1/4 de c. de cumin, 1/2 c. de coriandre puis encore un peu de sel citronné (ou du sel d'une part et du jus de citron d'autre part) et deux pincées d'oignons en dé.
Pétrir le tout en écrasant la pomme de terre jusqu'à reformer une boule de pâte. Comme pour le plain paratha, il faut ensuite faire un disque que l'on fait chauffer trois minutes dans une poêle avec un cuillère à soupe d'huile chaude.



A noter que certains pains, les naan et les roti, se cuisent au tandoori, c'est à dire au four. Les disques sont alors collés sur la paroi du four. En cuisant, il se gonflent et sèchent. Il faut alors les récupérer avant qu'ils ne tombent sur les braises qui sont au fond du four.

lundi 5 avril 2010

Malvenus au Polistan

Ce que Arnaud ne savait pas, c'est que j'avais quand même installé une caméra cachée dans le FindMeSpot. Afin de pouvoir vous conter ces quelques semaines au Pakistan, car il était clair qu'il refuserait toujours de le faire lui-même.



D'abord, le Pendjab. Une fois m'avoir perdu, il s'est dit "Ma foi cong, ça c'est fait, clac-clac, autant partir fissa-fissa, rouler à bloc-bloc, le Pendjab-djab sera torché". Aussitôt dit, aussitôt roulé, à raison de 120 km par jour, le Pendjab a vite défilé. Oh, le Arnaud est devenu culturel, il s'est arrêté en chemin afin d'admirer de jolis mausolées, détruits (à Uch Sharif) ou pas (à Multan). Ainsi qu'une belle mosquée, construite dans son village (Bhong) entre 1930 et 1980 par un notable désireux d'allier le traditionnel et le moderne, l'ornemental et le fonctionnel. En utilisant beaucoup de belles mosaïques. Arnaud, cultivé, a saisi le parallèle d'avec Gaudi, mais n'a pas su comparer, car malgré un passeport lesté de 30 visas, malgré habiter dans les Pyrénées, il n'est jamais allé à Barcelone.





L'architecture pendjabie pakistanaise est donc influencée par l'Islam. Ainsi l'est la nourriture, déjà très carnée (et bonne). On sent que l'on apprend aux Pakistanais que l'Islam est une religion dominante, car beaucoup sont surpris que l'on puisse ne pas être musulmans. En revanche, les paysages ressemblent fort au Pendjab indien, à savoir des grands champs de blé, et un terrain d'une platitude que Raffarin ne renierait pas. Seuls paysages un peu jolis, quand des rivières se rencontrent (grâce à meetic.pk).




Arnaud a donc vite traversé le Pendjab pour mieux apprécier le reste du Pakistan, sans doute plus varié. Erreur : on ne lui avait pas dit que les autres provinces avaient fait sécession du Pakistan, pour former le Polistan. Oui, au Sindh et au Baloutchistan (et sûrement encore plus ailleurs), ce n'est plus le "Pays des purs" ("Pakistan"), mais bien le pays de la police. De la police t'en veux pas en voilà. Police qui surveille, qui patrouille, qui fait des checkpoints. Et qui escorte tout touriste. Parfois devant le cycliste, souvent derrière, parfois en moto, souvent en pick-up Toyota, impossible de s'en débarasser. Au grand dam d'Arnaud, qui, puisque coupé de la population civile, a continué à rouler plus de 100 km par jour. Avantage : au Polistan, la police négocie mieux que les touristes tout hébergement, (hôtel à prix cassés, résidence des médecins d'un hôpital, auberge pour fonctionnaires, tout y passe). Au pire : dormir sur le matelas gonflable dans un bureau du poste de police le plus proche. Autre avantage : "emprunter" les uniformes pour faire des photos souvenirs. Soucis : l'escorte, qui changeait à chaque district (10 km environ), était donc pressée de se débarrasser du cycliste, et goûtait peu à la traditionnelle pause sieste sur les lits des restaurants de routiers.



Au bout de cette immense plaine sur laquelle les cyclopes trottent depuis mi-janvier (qui doit faire 3000 km en est-ouest, de Cox's Bazar à Sibi), les montagnes du Baloutchistan. En particulier, le haut-plateau de Quetta, auquel on accède par la passe de Bolan, 1800 m d'altitude (et donc presque autant de dénivelé). La montée, en deux jours, s'est bien passée, et la fraîcheur de là-haut fut accueillie avec plaisir. En bas, climat de type Schnaps (40° minimum, très sec)...En haut, 25° à midi, et 10 gla-gla la nuit.



Quetta est capitale du Baloutchistan qui concentre la moitié de la population de cette province (qui est donc un grand désert montagneux, on a connu environnement plus accueillant). Au carrefour entre le sous-continent indien, l'Afghanistan et l'Iran, c'est Cosmopolis. Majoritaires sont les Pachtounes, avec leurs beaux chapeaux et leurs longues barbes. Les Baloutches sont aussi nombreux, et portent des petits calots colorés. Mais sont présents aussi beaucoup d'Afghans réfugiés ici après la révolution socialiste de 77-78. Leurs enfants nés au Pakistan se disent toujours Afghans. Visiblement, les Pachtounes forment un peuple commerçant, et les Afghans pachtounes tiennent beaucoup de magasins (dont l'armurerie où on a enfin trouvé du dégrippant pour nos vélos...). Se trouve aussi une autre ethnie Afghane, les Hazaras, dont les traits rappellent ceux des Mongols (ou des Ouïghours). Et bien sûr, on croise aussi des Pendjabis et des Sindhis, ainsi que des Brahuis, supposés former les descendants de la civilisation qui organisait de belles villes le long de l'Indus, avant de se faire remplacer par les Aryens en 1500 avant JC environ.



Etait prévu de ne rester que trois jours à Quetta. Mais une fièvre dans mon petit corps nous a gardé trois jours de plus dans cette ville étonnante et sympa. On part demain [ndlc : comprendre avant-hier], après 700 km de désert, on verra l'Iran. Inch'Allah.

Le dum aloo, ca se mange !

Première recette de la série, le dum aloo.

Il s'agit d'un plat végétarien. Il y a de la pomme de terre (aloo) au centre du plat mais le plus important c'est la sauce qu'on doit verser sur du riz ou dans laquelle on trempe du pain.

La recette est a priori pour 4 personnes mais bon les indiens mangent peu, je vous renvoie à l'excellente règle de trois pour adapter la quantité.

Sauf mention du contraire, toutes les quantités sont exprimées en équivalent de cuillère à café (cc.) pour les aliments. Pour les épices, il s'agit de la petite cuillère que vous avez vu sur la photo de la spice box et que j'appellerai 'c.'. De façon générale, il faut y aller doucement sur les épices même si ce sont elles qui donnent la saveur typiquement indienne, vous n'êtes pas sans savoir qu'elles peuvent aussi rendre sportive la dégustation...

Pour le dum aloo, il vous faut :
  • 5 petites pommes de terre cuites au préalable.
  • 6 cc de yaourt,
  • 6 cc d'oignon mixé ou haché ou coupé en petit,
  • une demie cc d'ail,
  • la spice box, toujours à portée de main.




  1. Mélanger au yaourt 4 cc. d'oignon, 1/2 c. de gingembre, 1/2 c. de piment, 1/4 c. de coriandre, 1 c. de curcuma et 1/4 c. de sel
  2. Mettre dans un wok de l'huile d'olive, un quart de cuillère de cumin et 2 cc d'oignons. Une fois les oignons brunis ajouter le yaourt.
  3. 2 minutes plus tard ajouter les pommes de terre.
  4. Encore deux minutes après, ajouter quelques centilitres d'eau puis un quart de cuillère de garam masala.

vendredi 2 avril 2010

Pakistanais du jour : Nassib


18 ans, Quetta, étudiant

Nassib est étudiant certes mais c'est au magasin de tapis de son père que nous le rencontrons. En une heure passée ensemble il tentera de nous acheter ou échanger nos lunettes, notre ordinateur, notre appareil photo, son pote Hamayoun, notre antivol... C'est avec quelques doutes que nous avons donc mis "étudiant" et pas "marchand de tapis" dans sa présentation. Déjà marié et père d'un enfant on le soupçonne de ne pas trop user les bancs de l'université.

1 Qu'est-ce que l'école t'a appris de plus important ?
Le respect.

2 Qu'est-ce que tes parents t'ont appris de plus important ?
A aimer, en particulier les enfants, car ils m'aiment.

3 Qu'a fait le monde pour toi ?
Dans la société dans laquelle je vis, tout le monde me montre du respect.

4 Que veux-tu faire pour le monde ?
Ce que les pauvres et les nécessiteux voudront, je le ferai.

5 Que ferais-tu avec 10€ ?
Je démarrerais une affaire.

6 Où veux-tu vivre ?
En face de la Mecque.

7 Qui est ton idole ?
Moi-même, et mon beau-frère.

8 Si tu pouvais faire un voeu, quel serait-il ?
Que mes parents soient toujours heureux.

9 De quoi as-tu peur ?
Que je fasse quelque chose de mal, ça me poursuivrait toute ma vie.

10 Quelle est ta question à nous poser ?
Quel est l'endroit le plus vieux de la Terre ? Réponse selon lui : les montagnes d'Afghanistan...

jeudi 1 avril 2010

Pakistanais du jour : Fein Khan


42 ans, professeur, Quetta

Alors que nous buvons un thé, Fein s'approche de notre table. Il est assez bavard, il se présente comme professeur et sa capacité à expliquer simplement les choses vient surement de là. C'est quand il nous affirme qu'il a travaillé sur la bombe atomique à Los Alamos que nous commençons à douter. S'il était vraiment dans l'équipe qui a fabriqué le bombe pakistanaise, pourquoi viendrait-il nous en parler ? Malgré tout nous le soumettons à notre série de questions, auxquelles il répond avec le sourire.


1 Qu'est-ce que l'école t'a appris de plus important ?
Que si une théorie, aussi belle soit-elle, ne correspond pas à la réalité alors elle est fausse.

2 Qu'est-ce que tes parents t'ont appris de plus important ?
A comprendre les choses plutot qu'à les connaitre.

3 Qu'a fait le monde pour toi ?
Il a trois dimensions d'espace et une de temps, c'est déjà beaucoup.

4 Que veux-tu faire pour le monde ?
Trouver des chemins pour que nos actions s'intègrent mieux à l'environnement.

5 Que ferais-tu avec 10€ ?
Vous voulez rire ? Un livre bien sur.

6 Où veux-tu vivre ?
Aux States, West Coast.

7 Qui est ton idole ?
Mr Gorsky, il a beaucoup de chance.

8 Si tu pouvais faire un voeu, quel serait-il ?
J'aimerais savoir dans quel trou passe la lumière, juste une fois...

9 De quoi as-tu peur ?
Je fais souvent un rêve où je suis dans une pièce avec un chat, et j'ai peur que quelqu'un ouvre la porte.

10 Quelle est ta question à nous poser ?
Je crois que dieu joue au Jeu de Conway, et vous?