dimanche 31 janvier 2010

Coup d'oeil sur la société Bangladeshi

Ca ne fait guère qu’une petite dizaine de jours que nous arpentons le Bangladesh. Malgré tout le soin que nous mettons à rencontrer les gens, nos avis restent forcément plein de préjugés, teintés du regard du visiteur. Nous allons tout de même vous donner quelques impressions sur la société bangladaise.
Déjà, vous l’aurez compris, il y a beaucoup de monde –c’est la première image d’Epinal sur le Bangladesh. Seuls Monaco, Singapour et Malte sont plus densément peuplés. De plus, les locaux vivent beaucoup dehors, à vendre des petites choses, ou sur le seuil de leur plus riche magasin. Les boui-boui dans lesquels nous mangeons n’ont pas de porte, et une cuisine qui empiète souvent sur la rue. Le trottoir est donc bien plein. La chaussée l’est aussi, grâce aux rickshaws et aux taxis. Tout ça renforce donc l’impression d’un pays qui grouille, qui frémit. Ce n’est pas le cas qu’à Dhaka, mais dans la plupart des villes du pays –villes qui paraissent petites selon nos standards européens, mais qui dépassent allègrement la centaine de milliers d’habitants.
En campagne aussi, difficile de trouver un endroit où en regardant par la fenêtre d’un train, nous ne voyons pas un humain –ils se lavent dehors, ils travaillent aux rizières, ils se déplacent entre villages.

Deuxième image d’Epinal concernant le Bangladesh : les inondations. Etant en saison sèche, nous ne pouvons pas trop juger. Nous avons lu que à la fin de la mousson, 75% des terres sont couvertes d’eau. Il faut comprendre que c’est ce qui permet d’avoir tant de monde dans la pays. Le Gange et le Brahmapoutre charrient des alluvions qui fertilisent les terres. Ce n’est que de temps en temps que les inondations prennent une tournure dramatique, et ils ont pour l’instant un système assez efficace de prévention des cyclones, qui a permis de beaucoup diminuer le nombre de morts.
Le dernier préjugé classique est la pauvreté. Oui, beaucoup d’enfants ne sont pas correctement vêtus. Oui, il y a beaucoup plus de mendiants qu’en Europe. Oui, la plupart des gens ne mangent pas souvent de viande. Mais nous sommes de loin plus sales et moins bien vêtus que la plupart des adultes que nous croisons. Et beaucoup de gens possèdent un téléphone portable, et je n’ai jamais vu autant de magasins d’électronique qu’à Dhaka. Surtout il existe une classe moyenne et supérieure finalement pas si peu nombreuse. Notre regard est biaisé car ce sont eux qui parlent anglais et donc ceux avec qui nous échangeons le plus. Cette classe moyenne souffre de la déconsidération internationale, mais aussi de la corruption et du manque de perspectives d’avenir.
S’ils disent vraiment tous aimer plus que tout leur pays, un certain nombre veut émigrer vers l’Europe ou les Etats-Unis. Certains se rêvent thésards de Cambridge, d’autres sont prêts à accepter n’importe quel petit boulot pour accomplir le rêve. Si d’ailleurs l’un d’entre vous sait comment avoir un permis de travail, nous pourrons répondre de manière plus efficace à bon nombre de questions. Notamment, faut-il savoir obligatoirement parler un peu français ?

Il faut comprendre que ce sont les gens éduqués qui peuvent et veulent émigrer en Occident. Ca prive donc le pays de gens capables de mener son développement, et enrichit forcément nos pays d’accueil. Un article du Monde m’a récemment appris qu’à niveau socio-économique égal, les enfants d’immigrés réussissent mieux que les enfants français de souche, et je comprends pourquoi en voyant la qualité des Bangladais qui veulent immigrer. S’ils accepteront peut-être des emplois peu qualifiés, ils transmettront une culture et une envie de réussir fortes à leurs enfants.Cependant, il existe une alternative d’émigration pour les pauvres, à savoir aller faire ouvrier du bâtiment dans les pays du Golfe ou à Singapour/Malaisie. J’avais une escale à Riyadh, et Arnaud est arrivé de Singapour via Kuala Lumpur, et nos deux vols Riyadh-Dhaka et Kuala Lumpur-Dhaka étaient pleins d’ouvriers peu éduqués rentrant au pays les bras chargés de cadeaux. Ceintures détachées, pause pipi au moment du décollage, tout le monde aux fenêtres avant l’atterissage, les hôtesses ne savaient plus où donner de la tête (sur le vol Air Asia, seules leurs mini-jupes arrivaient à canaliser leur attention, cette feinte ne marchait bien sur pas pour la Saudia Arabian Airways).


Mais les Bangladais aiment leur pays. Ils sont fiers d’être un pays démocratique, au point de se battre à l’université entre partisans des différents camps. Ils sont fiers de ne compter que très peu de talibans. Ils sont fiers de la beauté de leurs femmes.
Ici, peu de femmes portent le voile intégral. Cependant, comme sûrement l’immense majorité des pays où les salaires sont faibles et où donc il est avantageux de faire tout le repas tout seul et balayer avec un vieux balai plutôt que s’acheter des lasagnes toutes faites et des lingettes nouvelles générations à Auchan le samedi, on ne voit pas beaucoup de femmes dans la rue. Certaines étudiantes anglophones viennent nous parler, librement, mais passée la vingtaine, nous n’avons eu que très peu d’échanges avec des dames. En revanche, il ne faut pas croire que ces dernières passent leur vie à allaiter leur nouveau-né de l’année : le taux de natalité est descendu à 2,7 enfants par femme, ce qui, conjugué à un allongement de l’espérance de vie, assure tout de même une belle croissance de population.


Et s’il n’y a pas beaucoup de talibans, ils ont du mal à concevoir que nous pouvons ne pas croire en Dieu. Certains veulent nous convertir à l’Islam, sans succès jusque maintenant. Les minorités religieuses (Hindous, 16%, Bouddhistes et Chrétiens quelque pourcents) donnent l’impression d’être bien intégrées. Durant notre séjour, la petite musulmane Piya avait eu une demi-journée libre dans son école privée catholique pour raison de fête religieuse hindoue.

On peut expliquer cette relative bonne cohabitation islamo-hindoue par le fait que cela fait longtemps qu’ils vivent ensemble. Le Bengale a longtemps été un royaume, avant que les Anglais ne le partagent en deux pour mieux le gouverner. Au moment de la partition entre Inde et Pakistan, un problème s’est posé : comment se débrouiller avec une province majoritairement musulmane, mais à la capitale Calcutta largement hindoue ? lls ont donc uni le Bengale oriental au Pakistan et laissé le Bengale occidental avec l’Inde. La langue parlée au Bangladesh est le « bangla », très proche du bengali de Calcutta. Tout ça étant pas très loin de l’hindi, que j’avais un peu appris avec Bertrand en Inde il y a deux ans. Nous ne sommes capables d’aucune conversation, seulement de faire rire un peu les gens, ou de débrouiller certaines incompréhensions avec des non anglophones.

Nous vous laissons lire consciencieusement les interviews de Bangladais du jour pour mieux comprendre cette société bangladaise.



Place à Calcutta la bengalie hindoue, et à l’Inde dans quelques jours !


samedi 30 janvier 2010

Bangladais du jour : Shiplo Khan


Chittagong, 25 ans, patron de deux restaurants.

Rencontré au hasard d'un train, le charismatique Shiplo Khan (Le lion d'amour) a été notre hôte pour deux nuits. Sur le chemin de chez lui, il nous présente fièrement sa ville et aime à répéter que tout le monde le connait ici. Après avoir fait son secondaire en Inde, il a repris le restaurant de son père décédé il y a dix ans. Il aime la mode au point de porter dans les rues poussiéreuse de Chittagong un pantalon crêpe dont la blancheur peine à passer la demi-journée. A la moindre occasion il pose pour être pris en photo. Il a une grande gueule, un grand coeur et le corps qui va avec au point d'être surement le premier Bangladais au régime ! Son affaire marche mais il rêve d'Italie... Il est prêt à prendre n'importe quel boulot là-bas, cela nous attriste un peu. Selon nous il peinera à avoir le même niveau de vie qu'ici et son pays perdra un jeune entrepreneur dynamique.

  1. Qu'est-ce-que l'école t'as appris de plus important ?
    L'honnêteté et l'amour des gens

  2. Qu'est-ce-que tes parents t'ont appris de plus important ?
    La politesse et le respect des autres

  3. Qu'a fait le monde pour toi ?
    Rien

  4. Que veux-tu faire pour le monde ?
    Tout

  5. Que ferais-tu avec 10€ ?
    5€ à ma mère, 5€ pour voyager, faire du shopping pour mes frères et soeurs

  6. Où veux-tu vivre ?
    Italie (Rome)

  7. Qui est ton idole ?
    Allah, puis ma mère

  8. Si tu pouvais faire un voeu, quel serait-il ?
    Aller en Italie

  9. De quoi as-tu peur ?
    Rien

  10. Quelle est ta question à nous poser ?
    Ca vous fait quoi d'être mon hôte ?

vendredi 29 janvier 2010

Le questionnaire


Histoire de rompre le cercle du "d'où venez vous ?" et "avez vous des frères et soeurs?", nous avons concocté les nôtres que nous n'hésitons pas à tester lorsqu'un contact prolongé s'établit.
La recette est simple.
Saisir notre interlocuteur avec une version manuscrite de notre questionnaire. Laisser mijoter le tout pendant 5 à 20 minutes autour d'un thé. Sortir les réponses du feu avant de les transférer à notre chef de salle haut-landais basé dans notre office hollandais. La livraison à domicile par fibre optique garantit la fraîcheur du Bangladais du jour. Les apports journaliers recommandés étant de un Bangladais par jour et étant conscient d'être probablement votre seul fournisseur nous nous efforcerons de tenir le rythme. Merci Bertrand.

Voici notre liste de questions :

  1. Qu'est-ce que l'école t'a appris de plus important ?

  2. Qu'est-ce que tes parents t'ont appris de plus important ?

  3. Qu'a fait le monde pour toi ?

  4. Que veux-tu faire pour le monde ?

  5. Que ferais-tu avec 10€ ?

  6. Où veux-tu vivre ?

  7. Qui est ton idole ?

  8. Si tu pouvais faire un voeu, quel serait-il ?

  9. De quoi as-tu peur ?

  10. Quelle est ta question à nous poser ?

De Dhaka à Srimanga


Depuis la semaine dernière, vous savez tout de nos occupations. Discuter, se promener, manger (je viens d’ailleurs d’avoir mes premiers légers « troubles digestifs » -Arnaud me glisse dans l’oreillette que lui démoule des briques à casser les plus fortes des chiottes à la turque), tout ça, c’est bien. Oui, mais où ?

Cet article parlera transports, donc autant présenter la panoplie locale. Au Bangladesh, peu d’espace, peu d’argent, on miniaturise tout, à l’exception des trains, confortables. Les bus ont des sièges peu espacés –ça passe pour moi, moins pour Arnaud. Ce qu’on appelle taxi est ce que l’on connaît sous le nom de tuk-tuk ou auto-rickshaw chez les voisins, ce sont des petits tri-porteurs motorisés. Les rickshaws sont leur version à pédale, soit des pousse-pousse. Et les tempo sont les taxis collectifs (des grands tuk-tuk donc).

Pour que vous puissiez vous repérer (ou nous repérer, plutôt), une carte google map montrant nos trajets est tenue à jour en haut à droite du blog. Tenue à jour par Bertrand bien sûr.

C’est à Dhaka que nous avons tous deux atterri. Dhaka, vous ne connaissez peut-être pas, mais c’est plus peuplé que Paris. Un énorme bordel. Taxis et rickshaws congestionnent le centre-ville, les porteurs comblent les vides, et les piétons pourtant nombreux ont peu de place pour se glisser. Le tout est de plus en plus dense au fur et à mesure que l’on s’approche du fleuve, qui apporte tout ce dont Dhaka a besoin. C’est suffisamment le bordel pour que ça en devienne drôle, mais la pollution, la poussière et le bruit incessant des klaxons de taxis et sonnettes de rickshaws fatiguent quand même. Etonnamment pour une capitale, surtout une de 14 millions d’habitants, il n’y a presque rien de touristique à visiter. Je suis méprisant, le mendiant fonçant nu dans les rues valait le déplacement à lui tout seul. Nous sommes restés à Dhaka deux jours.

Chittagong, deuxième ville du pays, est un peu le Dhaka du pauvre. Heureusement, on ne l’a pas du tout visité, car Shiplo Khan (sur la photo) nous a royalement reçus avec sa famille. Au lieu de visiter la ville, Arnaud a appris à la petite sœur à jongler, et la Maman nous a gavé, à coup de plusieurs viandes par repas, ce qui est plat de fête ici. Cf les Bangladais du jour sur lui et sa sœur Piya pour plus de détails.


Faute de permis pour les collines tribales de l’est du pays, c’est à Cox’s Bazar que nous nous sommes rendus. Cox’s Bazar, plus longue plage de sable du monde, fait rêver tous les Bangladais. Ils y vont pour se promener sur la plage, pour sortir le soir, pour tout sauf pour se baigner. D’ailleurs la saison haute est en hiver, quand, même s’ils savaient se baigner, il ferait trop froid pour qu’ils se jettent à l’eau. On rappelle que la mode hiver 2010 des Bangladais est l’écharpe enroulée verticalement autour de la tête, façon œuf de Pâques. Le Lonely Planet nous prévenait que la plage est moins belle que ses homologues espagnoles ou californiennes, mais nous avons apprécié l’atmosphère du lieu.

Après une pause remplissage du ventre chez Shiplo et sa Maman, un bus de nuit nous a emmené à Sylhet, au nord du pays. Coin qui envoie ses émigrés vers l’Angleterre, alors que la région de Chittagong vise plus l’Italie. Sylhet possède un joli mausolée d’un saint soufi du 14ème siècle, ainsi qu'un haut pont métallique (sur la photo) furieusement traversé par des conducteurs rickshaws qui tirent leurs montures à cause de la pente.


De Sylhet direction les plantations de thé, à Srimangal. C’est un coin reposant, peuplé de descendants d’ouvriers indiens que les Anglais avaient amenés avec les plants de thé au lieu de former la main d’œuvre locale à la culture du thé. En se promenant au milieu de ce vert si particulier qu’a le théier, ce n’est pas avec le « Salam Aleikoum » musulman mais au son du « Nomoshkar » hindou qu’il faut accueillir les enfants qui sont venus jouer avec nous. Nous sommes rassurés, les jeux des petits Bangladais sont bien les mêmes que ceux des petits Français, maltraiter les chiots en faisant partie.
Le « Gépalémo », petit livre servant à montrer un dessin de ce dont on ne connaît pas la traduction, fait un tabac. Auprès des enfants comme auprès des adultes pauvres, qui le prennent comme le reflet de notre monde occidental qu’ils ne connaissent pas. Merci Anne-Laure pour ce cadeau, c’est vraiment une valeur sûre avec ceux avec qui on ne peut pas parler, il sert aussi pour sa première utilisation –hier il a permis de savoir que le « poron » sur le menu voulait dire « prawn », soit crevette.

samedi 23 janvier 2010

Nomoskar Bangladesh se


Nous voici au Bangladesh depuis quelques jours. Qu'y faisons-nous ? Majoritairement rien. Rien veut dire rien de bien fatiguant, soit dormir, manger, discuter avec des gens croisés de-ci de-là autour d’un thé ou du questionnaire, discuter tous les deux aussi.

Dormir est bien mon activité préférée. Ma mère dit que ça rend intelligent, eh bien je me sens encore un peu idiot, et aimerais dormir plus. (article écrit le lendemain d’une nuit secouée dans un bus).
Manger, vous nous connaissez assez bien pour savoir que c’est important pour nous. La nourriture bangladaise ressemble à la nourriture indienne, donc pas énormément de surprises (Arnaud mangeait souvent dans les restaurants de la minorité tamoul durant ses 18 mois à Singapour, et j’ai tâté du riz et du curry pendant mon stage à Bangalore en 2008). Mais, pour moi 2008 c’est assez loin, et j’ai l’impression que les bangladais pimentent moins que les Indiens. Et puis ils font de bons gâteaux de semoule, idéaux pour cimenter les petits creux de 10h et 17h.

Le thé ici ressemble au tchaï indien –thé léger, au lait, épices et sucre. Il y en a toujours des litres en train de bouillir dans l’échoppe du coin, ce qui permet de commander au plus vite. Si nous ne nous déplaçons pas au thé, c’est notre interlocuteur qui envoie un gamin en chercher dans un thermos.



Les gens sont curieux, et nous posent beaucoup de questions – l’enchaînement type serait :

- Amis ! Amis ! Vous venez d’où ?
- France.
- France ! Zinedine Zidane ! Vous avez quel âge ?
- 24 ans tous les deux.
- Oh ! Avec votre barbe vous avez l’air plus vieux ! Vous êtes musulmans ? Chrétiens ?
- On n’a pas de religion.
- ????
- On n’a pas de religion, on ne croit pas en dieu.
- ???? Sinon, votre métier ? Vous êtes venus pourquoi au Bangladesh ?
- On est étudiants, on est en tourisme ici.
- Vous êtes mariés ? Vous avez combien de frères et sœurs ?


Voilà à peu près ce que ça donne, en condensé. Si on compte que nos réponses sont un peu plus longues que ça, et que des fois il faut répéter, ça prend bien dix minutes par Bangladais rencontré. Et comme on le répète au moins dix fois dans la journée, ça nous occupe. Peut-être un jour nous en aurons un peu assez, pour l’instant ça nous fait plaisir de rencontrer des gens –on leur pose des questions aussi. Faut dire qu’il y a très peu de touristes, du moins en cette période de l’année –nous avons vu de loin deux Blancs, plus discuté avec un Libérien et un Nigérian.

A part ça, on visite quand même des villes bangladaises, on vous en dira plus dans un prochain article.

jeudi 21 janvier 2010

Itinéraire

Juste une petite précision : comme nos amis reporters n'ont pas toujours le temps d'aller sur internet, et pas toujours la chance d'avoir internet aussi, je les aide un peu dans la gestion de ce blog, notamment à faire la carte de leur itinéraire.
Ils ont embarqué avec eux un GPS Spot qui envoie leurs coordonnées gps par mél, via une liaison satellitaire. Ainsi on peut les suivre à la trace où qu'ils soient, tant qu'ils sont sous un ciel dégagé (pas au fin fond des geoles iraniennes par contre). Détail pratique et amusant de ce GPS Spot, il est muni de trois boutons : envoi des coordonnées gps classique, envoi d'un mél de détresse à la famille et demande rapide de secours. Ce dernier bouton permet de lancer directement un appel à l'aide au 911 (un organisme américain de secours) qui se charge alors de venir vous secourir à votre position GPS. Je vous laisse imaginer ce que donnerait une utilisation malencontreuse de cette fonction. Pour ceux qui le connaissent, toute allusion à notre ami Charles est bien évidemment non-fortuite.

Pour revenir à la carte de leur itinéraire, elle est tout simplement accessible dans la barre latérale, avec un lien pour l'agrandir en dessous. Oh joie, on peut même poster des commentaires sur la carte. Réservé aux lecteurs avertis.

Bertrand, contact Cyclope trotter, section Europe, et un peu déçu de ne pas avoir pu les accompagner pour leur périple.

[édit] : il se peut aussi que je poste des messages, de ma part ou de leur part.

samedi 16 janvier 2010

A mon tour !

Déjà trois posts par Thierry, il est temps que je contribue un peu à ce blog. J’étais aller me balader vers la ligne de changement de date pour croquer 2010 un peu plus tôt que tout le monde. Après un an et demi en Asie du Sud-Est rien de tel qu’un beau voyage en Nouvelle Zélande et deux petits sauts en Australie pour se préparer à cyclope-trotter. Je pourrais vous parler des heures des volcans de Waimangu, du Mont Cook ou du Milford Sound mais à mon arrivé à Dhaka, Thierry me ferait sans doute le gros œil en me rappelant que l’objet de ce message est d’introduire à mon tour notre blog…
L’ami ayant bien fait le boulot, il me reste peu à préciser. Cyclope-trotter sonne aussi un brin Odyssée. Notre voyage est pour moi un long retour à la maison, on le souhaite moins tourmenté que celui du bon vieil Ulysse mais espérons en rentrer aussi heureux que lui. Enfin à bientôt 50 ans à nous deux, à l’âge où tout semble nous pousser à rejoindre le clan des forces vives et passer du côté des « actifs », on avait tous les deux envie (ou besoin) de prendre un peu de recul en faisant la fin d’école buissonnière. Au détour des chemins on espère que ces quelques coups de pédales nous aideront à ouvrir nos yeux sur le monde. C’est un de nos rares objectifs pour le prochain semestre. Certains d’entre vous peuvent nous trouver oisifs. Qu’ils se déconnectent vite et retournent faire du PIB. C’est qui les branleurs ? En tout cas on sera heureux de partager nos impressions avec tous ceux qui souhaitent échanger avec nous par le biais de ce blog.
Je ne peux pas vous laisser sans à mon tour présenter Thierry à ceux qui ne le connaissent pas encore. Il y a presque 5 ans on s’est en effet rencontrés devant un grand portail. Deux semaines plus tard on en ressortait potes naissants, unis par le fait d’enfin savoir que « la vie ne se fait pas en jeans-basket ». Depuis les moments échangés au quotidien en école, ou lors de nos petites escapades m’ont convaincu que j’avais envie de partager ce voyage avec lui. Si vous avez croisé Thierry, vous avez du remarquer qu’il aime parler. Je crois qu’il aime encore plus écouter. Durant nos deux ans d’école son activité principale a été de discuter de longues heures autour d’un repas, d’un film ou d’une bière. Il a des centres d’intérêts variés et mets sa mémoire impressionnante au service d’une passion de l’anecdote. C’est quelqu’un de généreux et d’attentionné ce qui lui permet d’être apprécié de tous ou presque. Certains le trouvent un peu excentrique, je crois que cela lui plait beaucoup et qu’il n’est pas prêt de changer pour cela. En fait Thierry est un sage polisson. Il a toujours du recul et est plein de modération dans ces opinions mais il aime bien provoquer quand il en a l’occasion. Tout cela en fait un excellent ami et un très bon compagnon de voyage. J’oubliais un atout essentiel, il sait s’émerveiller. Avant de partir sept mois avec lui les deux seuls aspects que je redoute sont son exceptionnel sens de la désorientation et son don pour s’endormir très vite et n’importe où malheureusement doublé d’une capacité à émettre de formidables ronflements. Que ceux qui connaissent Thierry n’hésitent pas à ajouter leurs touches à ce bref portrait. En ce moment il fait la grasse matinée. Ok, c’est dimanche et il aura l’excuse du décalage horaire.

vendredi 15 janvier 2010

Bon ben c'est parti !

cepe.jpg art.jpg ti.jpg


(source
http://rebus-o-matic.com/index.php)

Ravi de t'avoir connue Malakoff, a nous deux Roissy, à nous deux Riyad, et impatient de te connaître Dhaka ! Je retrouve Arnaud à l'hôtel, demain vers 16h30.

Une dernière soirée avec les copains hier soir, un dernier petit-déjeûner de bredele (merci la grand-mère de Rosa, copine du coloc Hadrien), un dernier trajet matinal en RER, je suis prêt à partir.

Je suis un peu ému d'avoir vu ma maman écraser une larme, sur le quai de la gare de Strasbourg il y a deux semaines, je suis touché par les conseils gentiment précautionneux de mes amis. Mais je pars.

PS : Mano Solo est décédé cette semaine, je suis pour sa famille. J'ai appris dans sa nécro du Monde qu'il est le fils de Cabu.

Edit : sept mois de voyage, est-ce une petite mort ? Je sais pas, mais je fais quand même un petit testament : je lègue mon cubi, mon fromage et ma pâte feuilletée à mes colocs. Pour eux, sept mois dans un frigo serait une grande mort.

Edit2 : je sais pas sur quel fuseau horaire je me suis inscrit, mais il est pas 23h25. Il est un peu avant neuf heures.

mercredi 6 janvier 2010

Trois visas fissa fissa

Puisqu'il paraît qu'un blog c'est fait pour raconter sa vie, je ne vais pas m'en priver.

Lundi matin, je me suis l(e,a)vé, j'ai mangé, et je suis allé prendre le métro. Pour aller rue Lord Byron, à l'ambassade du Pakistan. Ca y est ! J'ai le visa pour entrer dans ledit pays, et y séjourner 30 jours. Bangladesh itou, 30 jours, et Inde, 6 mois. Finalement, on parle beaucoup de la bureaucratie à la sous-contienent indienne, mais franchement tout s'est bien passé, ils ont été pros. 3 semaines pour 3 visas, ça va ! Du coup je garde mon passeport toujours sur moi, et admire les visas de temps à autre, en lieu sûr, quand il est certain que personne ne me regarde. Ils sont si beaux !

Arnaud, lui, a compressé le temps et a eu le temps de tous les faire en une semaine, à Singapour. On est parés !

En fait, manque celui pour l'Iran. Mais comme il n'est valable pendant trois mois, eh bien on le fera à Delhi, si Dieu veut. La Turquie, elle, n'applique pas le principe de réciprocité. On fait des difficultés aux Turcs qui veulent visiter la vieille Europe, alors que eux nous laissent cyclambader dans leur pays librement.

On est parés !

dimanche 3 janvier 2010

Dis, Maman, ça veut dire quoi Cyclope-trotter ?

Cyclope, parce que grâce au père d'Arnaud, nous somme pourvus de magnifiques lampes frontales (qui pèsent guère plus que 3g).


Trotter, parce qu'on n'ira pas au pas, mais qu'on ne galopera pas non plus.

Mais si on écoute bien, on entend aussi Cyclo. Ben oui, de Delhi à l'Europe, c'est sur des vélos que nous trotterons.

Mais dans Cyclope-trotter, y'a aussi globe-trotter qui s'est glissé (de là où je viens, globe-trotter se prononce clope-trotter). Globe-trotter, ça veut dire celui qui trotte sur la planète. Mais, attention, c'est une image : il est impossible de trotter sur tout le globe dans une vie. Si on considère des pneus de 33 mm de large, qui avancent à une vitesse de 30 km/h, ça fait une surface de 0,001 km² couverte par heure. Comme la Terre fait quelques 130 millions de km², ça donne donc 130 milliards d'heures pour tout parcourir à vélo, sans s'arrêter (ils auront soif, ceux qui font ça, hein ?). 130 milliards d'heure, ça fait quelque chose comme 15 million d'années. [non non, l'enfant ne s'est pas perdu dans les explications].

Bon, tout ça pour dire qu'ils seront obligés de sélectionner quelle partie de la planète ils vont parcourir. Et c'est un fabuleux Dhaka-France qu'ils ont élu.

Bangladesh et Inde seront parcourus en transport en commun, car en Inde trois copains nous rejoindront. A Delhi nous attendront normalement nos vélos, chez Anne-Claire, amie de Rosalinda, qui était à Delhi jusque peu. De Delhi à Istanbul, les pays à traverser vélocipédiquement sont choisis (remarquez que si vous voulez éviter l'Afghanistan et l'Irak, le choix devient vite beaucoup plus restreint). Ensuite, d'Istanbul en France, ce sera fait en vélo (itinéraire toujours à choisir) si on a le temps, soit en transport plus rapide. En effet, nous devons être en France à la fin août. En Iran et en Turquie, nous n'avons pas trop d'idées du chemin que nous allons emprunter, et ça tombe bien, ces pays sont grands, très grands. Avoir prévu un itinéraire strict pour les sept prochains mois de notre vie serait un peu triste !

Qui va là ?

Qui va là ? Rien de plus simple : Arnaud et Thierry. A priori, si vous êtes sur ce blog, c'est que vous connaissez l'un de nous. Donc il suffit de présenter l'autre.

L'autre, pour moi, c'est Arnaud. Discuté avec lui pour la première fois à l'Ecole des Officiers de la Gendarmerie Nationale de Melun, ça vous forge une amitié. C'est là que les Polytechniciens qui voulaient faire un stage dans le civil et pas dans l'armée se retrouvaient pour trois semaines de conférences, de jeu à faire poum-poum avec des balles à blanc dans la forêt et de marche aux pas.

En fait, la mémoire me revient, et c'est pas dans l'EOGN qu'on s'est croisés pour la première fois, mais bien devant le lourd portail. En effet, fallait y être avant le mardi à 21h. 20h56, j'arrive, suant, un gros sac sur le dos, un plus petit sur le ventre, une valise à la main et un reste de kebab entre les dents. Là arrive un espèce de taxi, qui dépose deux jeunes Occitans, l'air frais. Le taxi était gratuit, puisqu'il se trouvait que c'était une voiture de police. Pour ceux qui connaissent, l'autre feignasse était l'ami Bertrand, avec qui j'étais en Inde puis au Pays-Bas en 2008/2009.

Je vais passer sur les poncifs au sujet d'Arnaud : grande gueule (d'où la nécessité de la confiner parfois, cf photo), persévérant, peu prévoyant, rapide d'esprit, voyageur, etc ..., on les connais tous. Je retiendrai jusque que c'est un mec très rigolo, et que j'espère qu'il égaiera ce blog.

edit : je me rends compte en relisant que je n'ai pas dit qu'Arnaud est un bon ami. On partage des traits de caractère (dont la nomadité ou le rejet du conservatisme), et on a partagé pas mal de moments, à Palaiseau ou en vacances.

Et l'autre pour Arnaud, c'est moi. Je le laisse modifier ce message s'il veut dire un mot sur ma gueule, qui est aussi assez grande.